1) GÉNÉRALITÉS

  1. 2)LE TAIJI EST D’ABORD UNE PRATIQUE

  2. 3)À QUOI SERT LE TAIJI ?

  3. 4)LA PRÉSENCE MENTALE

  4. 5)LA DÉTENTE MUSCULAIRE

  5. 6)LA VERTICALITÉ ET LE CENTRE

  6. 7)SENTIR, VISUALISER, ÉCOUTER

  7. 8)LES MOUVEMENTS ET L’ENCHAÎNEMENT

  8. 9)LA PRATIQUE À DEUX

  9. 10) LES FORCES ET L’ÉNERGIE EN TAI JI : le Qi, les Jin



1) GÉNÉRALITÉS.


Comme chacun sait, parce que c’est l’aspect le plus connu, le tai ji quan  consiste, entre autres, à reproduire un enchaînement de mouvements immuables, et que l’on nomme habituellement : LA FORME.


Cet enchaînement, cette forme, est constitué, dans l’école Yang, de 108 mouvements regroupés en 3 parties inégales : une première partie, la plus courte, que l’on nomme “la Terre”, une seconde partie que l’on nomme “l’Homme”, une troisième partie que l’on nomme “le Ciel”.


L’apprentissage et la connaissance des 3 parties demande du temps et de la régularité, et se développe sur plusieurs années.


L’ensemble des règles qui soutiennent la pratique du tai ji sont mises en place dès l’apprentissage initial de la première partie de la forme, qui s’apprend sur 1 ou 2 années.


Ce sont les qualités d’intériorisation, de disponibilité mentale, et de sensibilité corporelle de chacun qui sont importantes au début (++).


Quand les mouvements de la forme commencent à être intégrés, à être fluides et unis, qu’on a plus à y réfléchir, la pratique se développe dans le sens d’un approfondissement des sensations intérieures qui n’a pas de fin.


Ces pages seront essentiellement consacrées aux règles qui sous-tendent la pratique, car c’est ce qui est le plus important.

Vous trouverez également sur ce site les photos de la première partie de la forme qui peuvent être considérées comme un simple aide-mémoire, ainsi que de courts extraits vidéo purement illustratifs.

Mais parlons de la pratique du tai ji quan…


2) En effet, le Tai Ji Quan est, d’abord, une PRATIQUE.

Tenter de définir le Tai Ji Quan c’est, tout d’abord, parler d’une PRATIQUE et  c’est pour cela que nous avons choisi de nommer tout simplement notre association : “Pratiquer le Tai Ji Quan”...


Une “pratique” demande du temps, de la régularité, et un investissement  personnel du pratiquant : en chinois on appelle ce type de travail sur soi de longue haleine un ‘GONG”  ( 㓛 )comme dans “gong fu” ou “qi gong”.

Son but est d’amener le pratiquant dans une conscience corporelle, une façon d’habiter son corps et une relation entre son corps et son esprit transformées et enrichies.


On intègre le Tai Ji  par la répétition et le pas-à-pas, avec patience, confiance et persévérance. Petit-à-petit les exercices amèneront des sensations nouvelles, l’esprit sera de plus en plus calme et centré, le corps de plus en plus délié et souple.


Il ne faut pas vouloir griller les étapes : seules des bases solides permettront d’évoluer et d’approfondir en permanence...Demanderait-on à un musicien de jouer un concerto au début de son apprentissage?  Autrement dit il faut commencer par “faire des gammes” et des exercices avant de pouvoir éprouver des sensations élaborées.


3) À QUOI SERT LE TAI JI?  QUEL BÉNÉFICE PEUT-ON EN TIRER?


C’est souvent la première question qu’on me pose. Et la réponse est loin d’être facile!…


En effet le Tai Ji est à multiples facettes, plus on avance et plus on le découvre en profondeur. Il faut faire le chemin pour en connaître les méandres, les détails, qui apparaissent au fur et à mesure qu’on le connaît mieux. Et le Tai Ji est une expérience intime, personnelle. Le bénéfice du Tai Ji ne se limite pas à un effet temporaire comme un effet de relaxation passager, même si cela peut faire partie du bien-être que procure cette discipline.


Le Tai Ji apprend à utiliser des ressources auxquelles nous n’avons pas l’habitude de recourir : le mental, les énergies, le centrage, l’enracinement, la conscience intime de l’espace, l’écoute et le regard intérieurs etc...

Les bénéfices que nous tirons de la pratique sont donc directement liés à la découverte et l’appropriation de toutes ces ressources : force et calme intérieurs, équilibre et stabilité, meilleure connaissance de soi, du présent, amélioration de la souplesse et de la santé, de la qualité de vie...



QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE LA PRATIQUE DU TAI JI QUAN?


4) La première des clés est la présence mentale! 


Pendant le temps de la pratique (ou du cours), on se coupe du stress et de la course aux objectifs (de la course, tout court!), on cesse de se projeter, d’être ailleurs, on se pose, on s’arrête, on laisse les soucis et les pensées de côté, et on se concentre sur l’instant présent, sur le corps et sur l’espace : ici et maintenant. On commence donc par ÊTRE LÀ, la pensée concentrée sur le corps, unie à lui ! (++).


Notre perception du temps change, comme s’il “s’étirait en longueur”. On prend conscience de l’espace et des six directions : la pratique du Tai Ji Quan se déroule dans un espace orienté, et investi par la présence mentale.

L’espace n’est pas seulement extérieur : le corps lui-même sera perçu comme un espace, un ensemble de volumes, un peu comme s’il était notre maison. On va apprendre à le re-découvrir, à se le réapproprier sur des bases nouvelles, grâce à la présence mentale, à la visualisation, à l’écoute des sensations. Mais c’est une maison aux portes et fenêtres ouvertes sur le Ciel/Terre !…(cf. page “L’esprit du taiji”).


Le MENTAL est donc la porte d’entrée dans le Tai Ji.  Imaginez que vous habitez dans votre corps depuis si longtemps que vous ne le voyez plus, ou mal, que vous l’utilisez pour mener à bien vos tâches, (comme on utilise un outil), et que celles-ci accaparent toute votre attention : de temps en temps vous le retrouvez, pour lui faire une beauté le matin devant la glace, ou bien lorsqu’il se rappelle à vous parce qu’il souffre!…

Dans la pratique du Tai Ji nous allons au contraire accorder toute notre attention mentale à la “maison-corps”, nous allons établir une intime relation corps-esprit : chaque mouvement, chaque partie du corps, seront présents à notre conscience, et ceci, de plus en plus profondément au fur-et-à-mesure que nous avancerons. Nous utiliserons sans cesse des IMAGES mentales, des représentations imagées, pour nous adresser directement  aux ressources cachées du corps, sans passer par le raisonnement.


Et aussi, chaque mouvement et chaque partie du corps seront reliés à l’ensemble de tous les autres, et ceci est fondamental : la présence mentale en tai ji est une PRÉSENCE  UNIFIANTE, c’est-à-dire que nous faisons appel à une perception et une visualisation du corps UNI en lui-même, UNI avec la pensée, et UNI avec l’espace, avec le ciel-terre

Même si, au cours de l’exercice, nous amenons la présence mentale dans telle ou telle région, sur tel ou tel aspect de la posture ou du mouvement, cela se fait toujours :

  1. 1)sans forcer notre attention localement.

  2. 2)sans perdre de vue la GLOBALITÉ et L’UNITÉ du corps et des mouvements.

  3. 3)en faisant circuler notre attention.


Ceci étant dit le mental, en Taiji, n’est pas que de la “présence”. C’est une attention guidée par des règles précises, chinoises et traditionnelles, qui représentent le socle de la pratique du Taiji  (elles sont au nombre symbolique de “10”; elles figurent dans tous les ouvrages classiques et modernes sur le taiji, et sont répétées régulièrement pendant les cours pour qu’elles finissent par imprégner les élèves et leur pratique. cf.la bibliographie).


5) La clé suivante est la détente musculaire.


Il n’y a pas de Tai Ji Quan quand les tensions ou les efforts persistent.

Les mouvements engagent le moins de force musculaire possible, et donc le moins de volontarisme possible, qui est remplacé par cette grande présence mentale, attentive et sensible, dont nous venons de parler.


Le corps est détendu : mais pas mou!  Imaginez un ballon souple qui se remplit d’air, ou d’eau, où les fluides s’écoulent : le corps, en Tai Ji, peut être figuré de cette façon. C’est la pensée (= le YI, l’intention) qui permet de développer, par les images s’adressant directement au corps, cette sensation de “plénitude élastique, souple et légère” qui caractérise les pratiques du Taiji ou du Qi Gong. Si les muscles sont physiquement tendus ou crispés, c’est comme si l’on pinçait le ballon (ou un tuyau): cela ne circule plus! Relâcher le contrôle et la volonté est donc une condition de base indispensable pour bouger en souplesse, et permettre à l’energie de circuler sans entrave.


6) La conscience de l’axe vertical et du rapport à la Terre.


Une des premières étapes de la prise de conscience du corps et de l’espace commence par celle de la verticalité, c’est l’axe essentiel, c’est l’axe qui relie le Ciel et la Terre.


On parle d’abord en Tai Ji d’enracinement dans le sol : cela doit être compris comme une union du corps avec la terre, et une acceptation intime de cette union, un lâcher-prise de toutes nos peurs et tensions qui entravent cette union avec la terre et qui sont liées à notre lutte contre la force de gravité.

La terre est alors ressentie soit comme énergie en expansion se transmettant par les pieds au corps, soit comme un sol meuble dans lequel le corps peut enfoncer de profondes racines comme le fait un arbre ou une plante. C’est la pensée qui, d’abord, ouvre le passage, en créant l’image des racines, de notre prolongement dans le sol. Cela devient vite une habitude, de sentir en dessous du sol, nos jambes se prolonger : cela donne à notre présence intérieure une forte sensation d’ancrage sans aucune crispation.


Du côté du Ciel, on parle  d’union de la tête avec le ciel :  ceci permet, en synergie avec l’enracinement, une prise de conscience de l’axe vertical du corps, sur lequel se construit l’équilibre, et qui sert d’axe-pivot autour duquel s’organisent les torsions et les rotations du corps.

L’axe vertical du corps est toujours droit et souple en Tai Ji, sans crispation aucune, jamais penché, c’est une référence de base incontournable!


Enracinement et suspension au Ciel nous donnent les sensations internes de nous sentir plus grands, plus forts et stables, avec un ancrage plus profond, un peu comme savoir bien marcher sur des échasses…


La conscience du CENTRE.


Le corps, en Tai Ji, est centré. Il y a au moins deux raisons pour justifier cette importance du centrage : d’une part le centrage donne de la stabilité, or le Tai Ji fait partie des arts martiaux, et il importe de ne pas se laisser déséquilibrer. Et d’autre part, en Tai Ji, le centrage du corps est indispensable au centrage du mental qui est un des objectifs de la pratique, puisque le Tai Ji est également une forme de méditation en mouvement.


Au cours du déroulement de l’enchaînement de mouvements, le pratiquant doit donc toujours conserver une partie de sa conscience sur son centre corporel qu’on appelle le DAN TIAN ( = le ventre + la région de la taille et des lombes) en plus de la conscience de son axe vertical, de ses racines, de l’espace intérieur de son corps. De cette façon il a la sensation d’être comme “au centre de sa maison-corps”, de se sentir “pleinement chez lui” dans cet espace que représente son corps, y compris dans les déplacements

C’est cela le “centrage” : se sentir centré tant sur le plan spatial que mental.


En même temps, le pratiquant doit aussi se sentir relié fortement à l’espace tout autour, comme s’il était “au centre de l’univers”, participant pleinement de l’énergie de cet univers.


7) Sentir. Visualiser. Ecouter.


Ce qui compte, en Tai ji, est donc moins le geste lui-même que l’attention qu’on lui porte (++).

Il s’agit de ressentir le corps, chacune de ses parties, la place qu’elles occupent ou le rôle qu’elles jouent au sein du tout, dans les postures et les mouvements.

Un des aspects les plus marquants de l’apprentissage du tai ji, est le développement en nous de nos capacités d’écoute, de perception corporelle, de visualisation.


Pour cela nous nous aidons d’une visualisation imagée qui active le mental et l’amène à se déplacer dans le corps au gré de nos intentions.


Amener le mental dans une partie du corps pour y faire venir le Qi (=l’énergie), c’est une des découvertes étonnantes que nous propose le Tai Ji : en effet le simple fait d’amener la présence mentale sur le corps et ses parties, sans rien chercher d’autre qu’écouter et ressentir, amène des modifications dans la perception de l’intérieur de notre corps et nous met en contact avec des sensations nouvelles. !


Nous développons ainsi progressivement une grande “écoute intérieure”, comme si nous avions en permanence une sorte de “radar” ou de “sonar”, branché sur les tissus de notre corps (notre squelette, nos muscles, nos fascias…), et capable de nous faire entendre tous les messages, sous forme de sensations internes profondes, que nous envoient nos tissus, et qu’habituellement nous ignorons.


LA PRATIQUE ELLE-MÊME :


8) Les mouvements et l’enchaînement de tai ji :


Tous les principes précédemment décrits donnent lieu d’abord à des exercices patiemment répétés qui sont une partie essentielle du cours de Tai Ji, car il s’agit de se pénétrer de ce qu’est “l’esprit du Tai Ji”, et cela s’acquiert petit à petit (exercices de coordinations, de cercles, de ressenti, de Qi Gong, etc…). Puis ces acquis sont ensuite appliqués à l’enchaînement de Tai Ji.


Celui-ci est composé de 108 mouvements circulaires (le cercle et la spirale sont les formes naturelles des mouvements en Tai Ji), et de postures qui se succèdent de façon continue, les mouvements s’engendrant l’un l’autre. Dans chaque mouvement ou posture, le corps est totalement uni, le haut et le bas sont reliés, ainsi que l’avant et l’arrière, la gauche et la droite (c’est le principe de l’interaction du yin et du yang). L’apprentissage de l’enchaînement est bien sûr important, mais il ne faut pas en faire un objectif primordial. Ce qui compte est le soin que l’on porte à chaque mouvement.


En effet, tout le Tai Ji est dans chacun des mouvements. Et un pratiquant, qui connaît 4 ou 5 mouvements mais qui y met tout ce que l’on doit y mettre, et qui les vit intensément, est beaucoup plus dans l’esprit du Tai Ji que celui qui s’efforcerait de mémoriser tout l’enchaînement, mais dont les mouvements ne seraient qu’une succession de gestes appris par cœur(++).


Les mouvements sont également caractérisés par leur lenteur : la lenteur permet de développer l’attention, la concentration, le calme et la stabilité intérieure. Plus le travail est lent, plus il permet de développer la sensibilité intérieure et le centrage du mental.


Mais à l’intérieur de cette lenteur apparente des mouvements, la conscience, trés éveillée, est au contraire rapide comme l’est la pensée : à l’opposé d’une relaxation molle de l’esprit, elle débouche sur une présence diffuse et instantanée à soi, à l’autre et à l’espace.


La pratique en solo : la “forme ou “enchaînement”.


Certains pratiquants font du Tai Ji tous les jours, certains autres plusieurs fois par semaine. Certains pratiquent 1 heure, d’autres 1/4 d’heure. Certains pratiquent l’enchaînement complet, d’autres quelques mouvements. Chacun, selon son goût ou sa disponibilité, en fait un usage personnalisé. Dans tous les cas il est conseillé, après quelques mois d’apprentissage, quand on commence à connaître quelques mouvements ou quelques exercices, de s’exercer chez soi régulièrement, afin, surtout, d’apprivoiser l’esprit de Tai Ji, de mettre son mental en “état de Tai Ji”.


Il suffit par exemple, au début, de pratiquer la position d’enracinement (postures dites “Wuji” ou“de l’arbre” ou “du cavalier”) pour apprendre à relâcher les jambes tout en “s’enfonçant dans le sol”, ou bien de pratiquer quelques mouvements de Qi Gong, ceux que l’on pratique en cours, de réaliser les mouvements de l’enchaînement dont on se souvient (rien de plus simple que de pratiquer, en le répétant, le premier mouvement qui consiste à monter puis redescendre les bras!), ou de prendre 1 ou 2 postures de Tai Ji et de les garder quelques minutes en s’efforçant d’éliminer toute tension etc… : dans la mesure ou l’esprit du Tai Ji est dans chaque mouvement, dans chaque posture, tout ce qui permet d’exercer la présence, le centrage, l’écoute du corps est bienvenu!


9) La pratique à deux, le tui shou :


La pratique à deux fait partie intégrante du Tai Ji Quan. Les capacités d’écoute que mobilise le Tai Ji ne sont pas seulement tournées vers notre propre corps, elles sont aussi investies dans la perception de l’espace et du partenaire. 


Car le Tai Ji Quan n’est pas seulement un art du mouvement, c’est aussi un ART MARTIAL INTERNE.


Les exercices à deux en Tai Ji ont pour but, entre autres, de développer “l’écoute” et  le “coller” avec un partenaire réel : le principe “COLLER” signifie que, dans tous les mouvements, on écoute avec le corps et la peau, en développant et en utilisant, grâce à une très grande sensibilité, ce que les chinois nomment : “la force qui adhère”. On devient alors capable d’entraîner la peau puis le corps du partenaire dans nos mouvements, simplement en le “collant”, et sans appliquer de force physique. Cela ne peut se concevoir sans être enraciné et centré, autres principes de base du Taiji.


Dans le TUI SHOU ( = poussée des mains) le partenaire en vis-à-vis permet de conférer au travail de la présence une réalité, une pertinence et une efficience que le travail de la forme en solo ne permet pas d’atteindre seul. Ces qualités peuvent ensuite être transposées dans le travail de la forme auquel cela confèrera une “consistance” et un “remplissage” beaucoup plus marqués.


Et, dès lors, on pourra pratiquer l’enchaînement en imaginant un partenaire ou un adversaire en vis-à-vis et faire les mouvements en adhérant à l’espace “comme si on était deux”.  On y développera alors progressivement le “coller” en visualisant l’espace comme une pâte qu’on travaille, ou comme de l’eau au sein de laquelle le corps et les mouvements sont immergés, ce qui donnera de la densité, de l’épaisseur à nos mouvements, mais jamais en tension!


Le travail à deux est l’occasion de vérifier et d’approfondir le travail sur la stabilité et le centrage, l’enracinement, la fluidité, la détente musculaire, les cercles, la capacité à occuper tranquillement son propre espace etc… on y retrouve donc tout Tai Ji Quan!



10) Les Jin  : Kai, He et Fa :


On appelle JIN en Tai Ji les “forces” non musculaires que mobilise la pratique, en tant qu’art martial INTERNE.

Ces “forces” sont, en réalité, des formes de manifestation de “l’énergie” (=du QI), induites et canalisées par l’intention, le mental.

Le Jin est donc la manifestation de “l’énergie” dans la pratique du tai ji.


Le Qi ( = “énergie dans son sens large et universel”) est en tout ce qui vit : elle est la vie-même. Sa nature est de diffuser, circuler, imprégner, de façon fluide et légère.


Le JIN est la forme que l’intention (le mental : YI)  donne à l’énergie dans le tai ji : autrement dit c’est le mental du pratiquant, qui, grâce aux images visualisées, grâce aux règles qui encadrent la pratique, grâce à l’écoute des perceptions dans le corps etc…,  confère au Qi ( l’énergie naturelle du corps) une forme, un sens, une expression ou un usage particuliers.

Par exemple le “coller” cité plus haut en tant que “force qui adhère” est un JIN, une forme spécifique d’énergie, en quelquesorte une “énergie qui écoute et qui colle” : on voit bien, à travers cet exemple, qu’il ne s’agit pas de force musculaire, mais d’une “attitude de l’esprit!”


Prenons d’autres exemples :


“KAI” est le principe, la forme, ou la“force” d’ouverture ou d’expansion qu’on peut se figurer comme un ballon qui se gonfle. Dans la pratique du Tai Ji, ce principe va s’exprimer dans tous les mouvements d’ouverture et d’ascencion et dans le fait, essentiel en Taiji, qu’on doit toujours travailler “ample, grand, ouvert” (au moins dans l’esprit, même si on fait des mouvements réduits!).

Si l’on se représente, à un certain moment, le corps ou les mouvements avec cette “intention” il s’ensuivra une perception et des sensations spécifiques, qui traduisent la manifestation du QI sous forme de ballon en train de se gonfler ou parvenu à la plénitude…C’est cela que l’on veut dire lorsqu’on explique que le MENTAL PRÉCÈDE LE QI : il lui donne une forme!


De la même façon “HE” est principe, forme, ou “force” de fermeture ou d’immersion (comme un ballon gonflé qu’on immerge dans l’eau) : c’est un Jin qui réunit, condense, fait retour au centre, aux profondeurs et aux racines.


Et Fa est principe, forme, ou “force” de jaillissement (comme un ballon gonflé qu’on a immergé et qu’on relâche d’un coup) : c’est un Jin qui libère l’énergie préalablement condensée.


Ces trois “forces”, en tant que  “formes, ou principes de base” présents dans les mouvements, se succèdent sans cesse au cours de l’enchaînement, et constituent une sorte de rythme fondamental, comme une respiration propre au Tai Ji Quan et différente de la respiration thoracique (ouverture/fermeture/jaillissement/nouvelle ouverture etc...).


Certains lecteurs pourront être surpris que la question de la respiration thoracique n’ait pas encore été abordée. C’est ici le moment d’en parler.

En tai ji la respiration n’est qu’un cas particulier du rythme Kai/He. L’inspir est de nature Kai, l’expir de nature He.

Si l’on utilise la respiration thoracique dans le tai ji ce n’est pas faux. Mais c’est réducteur.

Le danger (surtout pour les débutants) est d’en être prisonnier.

Il vaut mieux ne pas se soucier de la respiration (c’est-à-dire ne pas partir d’elle) et laisser celle-ci se poser naturellement dans les mouvements, ce qu’elle ne manquera pas de faire.

La respiration pulmonaire n’est toutefois nullement négligeable, car c’est un moyen précieux de se centrer et de trouver le calme intérieur, simplement en l’écoutant et en apprenant à la poser en nous.


Par contre il est important de donner à la pratique ce rythme fondamental de Kai/He/Fa (ouverture/fermeture, expansion/rétraction, montée/descente), le troisième temps Fa étant celui de la libération, du jaillissement.


Ces trois forces sont également au fondement même des applications martiales du tai ji quan : KAI sert à accueillir la présence et la puissance de l’adversaire (en Tai Ji on ne s’oppose pas, on accueille!) ou à transmettre la force en expansion qui vient du sol; HE sert à attirer et immerger la force de l’adversaire et à concentrer l’énergie dans le bas du corps et dans les os; FA sert à faire jaillir ces forces préalablement concentrées dans le but de perturber l’équilibre de l’adversaire. Dans tous les cas il importe de comprendre que c’est toujours de l’énergie que l’on transforme, et que l’on ne fait que très peu usage de la force musculaire (le Li).






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